Le Caméo, qui s’installe dans l’espace culturel de la petite commune, accueille ses premiers spectateurs aujourd’hui à 15h.
Tout en bas des Hauts-de-France et juste avant la Normandie, la petite station balnéaire de Ault renoue avec le cinéma ce 15 janvier, en ouvrant avec Sonic 3. La commune qui compte tout juste 1 500 habitants, était déjà dotée depuis deux ans d’un bel espace culturel proposant deux à trois spectacles par mois, ce qui laissait des créneaux libres pour des projections de films. La salle de 128 places – dont 2 PMR – a donc été équipée en ce sens – écran polichinelle, son Dolby et projecteur laser – pour devenir, quatre jours par semaine au sein de l’espace culturel Jacques Prévert, le cinéma Le Caméo.
Car il y a déjà eu un Caméo à Ault, qui a fermé au début des années 80 et laissé beaucoup de nostalgiques. « Quand nous avons lancé le projet, nous avons mené une enquête à laquelle un tiers des habitants ont répondu – ce qui a confirmé leur grande attente, relate Cécile Caëls, chargée de la politique culturelle de la ville. Ils ont souhaité à l’unanimité que le nouveau cinéma s’appelle Le Caméo, en hommage à l’ancien. »
L’envie de cinéma
Si l’envie était là, donc, la municipalité y a répondu avec volontarisme en investissant dans les équipements cinéma, qui, sur un total de 170 000 euros, ont bénéficié du soutien substanciel du département de la Somme (57 000 euros pour l’espace culturel dans son ensemble), de l’aide sélective du CNC (20 000 euros), en espérant celle de la Région. L’espace culturel Jacques Prévert, lui, a été construit par le Syndicat mixte Baie de Somme Grand Littoral Picard, dont 18 communes sont adhérentes, dans le cadre d’un vaste projet de redynamisation. « Un bel équipement, mais une coquille vide dont la nouvelle équipe municipale a hérité, saisissant toutefois une opportunité extraordinaire pour une ville de la taille de Ault. » Lorsque Cécile Caëls arrive en 2023, on lui demande de faire vivre cette salle, qui accueillait quelques réunions et événements ponctuels, mais n’avait aucune programmation culturelle. Celle qui était précédemment directrice des services techniques à la Mairie de Lille lance alors une vraie saison culturelle et se retrouve alors au four et au moulin, programmant des opéras mais travaillant aussi à la bibliothèque… au phare et au musée.
En matière de cinéma, Cécile Caëls reconnaît être complètement novice, mais s’est emparée du dossier avec le même enthousiasme. « Je suis allée chercher de l’aide et eu la chance folle que les responsables des cinémas d’Albert, Quend et Crécy-en-Ponthieu [qui sont aussi dans le département], me conseillent et intègrent Le Caméo à une entente de programmation informelle, pour des circulations ensemble ou avec l’ADRC. » Quant aux relations avec les distributeurs, « on apprend en marchant ». Pour la semaine d’ouverture, Le Caméo mise sur de « grosses machines » (Gladiator II, Sonic 3, Jamais sans mon psy et une avant-première de Better Man), mais prévoit de diffuser régulièrement de l’art et essai et vise le classement.
Une population contrastée
Bien entendu, l’idée est de s’adresser à tous, dans une cité balnéaire où vivent de nombreuses personnes âgées et très prisée des Parisiens en télétravail ou en villégiature. « Mais je connaîs bien aussi les familles que je vois à la bibliothèque, explique l’attachée culturelle, dont beaucoup ont une vie compliquée et sont dans des situations économiques sinistrées. ». Aussi le cinéma sera particulièrement accessible, avec un plein tarif à 5 euros et 2 euros pour les enfants, ainsi qu’un tarif famille à 12 euros au lieu de 14, appliqué pour 2 adultes et 2 enfants. « C’est vraiment la volonté du maire, Marcel Le Moigne, de mettre la culture à la portée de tous, notamment pour le jeune public. Une politique qui fait déjà ses preuves à Ault, où les opéras programmés dans la même salle affichent complet, avec des gens qui viennent de loin et n’ont jamais vu d’opéra de leur vie, à cause du prix ! ».
Les Aultois, eux, n’auront plus besoin d’aller loin pour voir un film, soit jusqu’à Abbeville à 35 km, soit au mono-écran Gérard Philipe à Mers-les-Bains, à une dizaine de kilomètres. Le Caméo proposera un minimum de 12 séances sur 4 jours, dont mercredi-samedi-dimanche – ou d’autres jours quand le spectacle vivant occupera la salle – avec notamment des ciné-goûters pour les enfants et les séniors. « En été, même si nous proposons des événements en plein air tous les soirs, le cinéma offrira une belle solution de repli en cas de pluie. » Pour le maire, « la patience, le savoir-faire et la détermination ont payé. La commune d’Ault est équipée en 2025 d’un cinéma indépendant géré en régie ». Sur l’année, Le Caméo vise les 8 000 entrées.
Partager cet article