Ce mercredi 7 février, le distributeur a accueilli près de 135 professionnels au Mk2 Beaubourg ainsi qu’au Luminor à Paris pour sa deuxième convention. L’occasion de dévoiler son line-up, mais aussi de revenir sur les réussites et les obstacles de l’année 2023.
La joie était perceptible chez les exploitants, journalistes et invités d’honneur pour cette deuxième convention de Pyramide, qui n’avait pas tenu un tel événement en quatre ans. L’équipe en a donc profité pour faire un état des lieux de l’année 2023 – durant laquelle le distributeur a sorti 19 films pour 1,2 million d’entrées –, distiller des informations sur les sorties à venir et projeter trois long métrages dont un documentaire, également dans le line-up 2024, à savoir Le Moine et le Fusil, Le Tableau volé et L’Homme aux mille visages.
Le spécialiste des mathématiques et du Bhoutan
En préambule de la projection matinale, Marina Gomez, responsable de la programmation en province, et Guillaume Perret, programmateur, ont rappelé la ligne de la société : « Pyramide s’est toujours engagé à sortir des longs métrages avec des thématiques socio-politiques, à la fois engagées et militantes. On s’interroge en permanence sur les questions de diversité », exposent-ils, alors que le premier film dévoilé s’inscrit pleinement dans cette intention. Le Moine et le Fusil de Pawo Choyning Dorji se penche en effet sur l’ouverture du Bhoutan à la modernisation et la démocratie à la suite de l’abdication du roi en 2006. Pré-nommé à l’Oscar 2024 du meilleur film étranger, la fable suit les traces d’un moine à la recherche d’une arme, d’un Américain venu effectuer un drôle d’achat et d’une famille qui se déchire sous les coups du partisanisme : « À quoi servent la démocratie et une arme dans le pays du bonheur brut et de la non-violence ? », sonde Roxane Arnold, directrice de la distribution, dont les équipes ont « longuement lutté » au festival de Toronto de 2023 pour acquérir le film.
Si Pyramide se passionne désormais pour le Bhoutan, le distributeur a surtout démontré son intérêt pour les mathématiques au cours de l’année 2023. Ainsi, La Voie royale et Le Théorème de Marguerite ont respectivement rassemblé 156 000 et 169 000 spectateurs dans près de 900 salles. Une réussite que L’Été dernier a également rencontré avec une sélection à Cannes et plus de 132 000 billets écoulés ; le plus gros succès pour Catherine Breillat. La Fille de son père, dont la carrière est toujours en cours, est également sur le point de passer la barre des 100 000 entrées, et ce, malgré « des combinaisons nettement inférieures » à ce que le distributeur avait prévu : « Pour les films de Frédéric Mermoud et d’Erwan Le Duc, nous avons sorti sur 50 copies de moins que ce qu’on voulait en nationale, confie Guillaume Perret. Cet enjeu n’est pas nouveau, mais s’est particulièrement accentué cette année, alors que Pyramide a la chance d’être un distributeur installé, avec une ligne éditoriale bien identifiée. » En cause, selon Pyramide, des effets de marchés « de plus en plus forts, qui tendent à une polarisation du choix des films et des conditions de distribution ».
Sonia Kronlund et Pascal Bonitzer en chefs de file
Pyramide, par la voix de Guillaume Perret, persiste et signe quant à sa volonté de « visibiliser des enjeux, ouvrir des esprits et éveiller la curiosité », à l’image des sorties de Toute la beauté et le sang versé en 2023 et de Trois nuits par semaine en 2022. Le credo s’applique également au genre documentaire, largement investi par le distributeur en 30 ans de service : « Il y a toujours la crainte d’être relayé en second plan dans la programmation, mais ça nous tient à cœur de défendre les films documentaires, qui peuvent avoir un écho citoyen très fort, notamment dans le contexte socio-politique actuel », indique Marina Gomez.
La sortie de L’Homme aux mille visages, prévue pour le 17 avril et également projeté lors de la convention, en est d’ailleurs la preuve. Le deuxième documentaire, réalisé par Sonia Kronlund, sept ans après Nothingwood, revient sur les mensonges d’un imposteur de haut vol, qui a mené plusieurs histoires d’amour simultanées dans différents pays : « Ça a commencé par un coup de fil d’une amie d’amie, qui était enceinte d’un chirurgien du thorax brésilien. Elle découvre qu’au final il n’était rien de tout ça, et qu’en plus, il avait quatre autres femmes », narre la réalisatrice présente à la convention, qui est par ailleurs la figure de proue du podcast Les Pieds sur terre.
Si s’engager sur des documentaires représente « un risque » , accompagner des premiers films en est un autre. À titre d’exemple, Radio Metronom (14 000 entrées) et Temps morts (11 438 entrées) n’ont pas rencontré leur public durant l’année 2023. Pyramide l’annonce donc sans détour : il y aura deux fois moins de premières réalisations en 2024. En guise de compensation, le distributeur continuera d’accompagner des cinéastes confirmés, à l’instar de Pascal Bonitzer, qui revient avec une comédie tantôt bourgeoise, tantôt prolétaire, sur un commissaire-priseur qui reçoit un courrier faisant état d’une découverte artistique monumentale chez un jeune ouvrier de Mulhouse. Le Tableau volé et son casting de rang (Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi) semblent avoir ravi les exploitants, en témoignent les rires nourris lors de la projection. Comme à l’accoutumée, Pyramide accompagnera ses sorties d’un marketing axé sur « des investissements massifs en affichage, en achats presse/web et en publications sociales », notamment avec des contenus originaux et sponsorisés pour toucher au mieux la cible des films. Tout cela augure une bonne année pour le distributeur, d’ailleurs nommé huit fois aux César.
Line-up 2024 de Pyramide :
- Vivants de Alix Delaporte (14 février)
- Revivre de Karim Dridi (28 février)
- Inchallah un fils de Amjad al Rasheed (6 mars)
- Dieu est une femme de Andrés Peyrot (3 avril)
- L’homme aux mille visages de Sonia Kronlund (17 avril)
- Le tableau volé de Pascal Bonitzer (1er mai)
- Mon parfait inconnu de Johanna Pyykkö (5 juin)
- Le Moine et le Fusil de Pawo Choyning Dorji (7 août)
et aussi, à dater…
- Le Roman de Jim de Arnaud et Jean-Marie Larrieu
- La belle de Gaza de Yolande Zauberman
- Les Trois amies de Emmanuel Mouret
- Bergers de Sophie Deraspe
- À son image de Thierry de Peretti
- Diamant brut de Agathe Riedinger
- L’histoire de Souleymane de Boris Lojkine
- Vingt Dieux de Louise Courvoisier
- Magma de Cyprien Vial
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