Dans un entretien aux Échos, Jérôme Seydoux explique que l’ouverture du capital permettra au groupe de nouveaux investissements, à la fois dans les salles et les contenus.
« Pathé se prépare à se faire coter en Bourse. Cela fait au moins un an qu’on y travaille. On est déjà très avancé pour être en mesure de le faire en 2024 », a déclaré jeudi 8 septembre le président de Pathé dans un entretien accordé aux Échos.
Jérôme Seydoux avait d’abord pensé ouvrir le capital du groupe à un partenaire, discutant notamment avec le patron de Free Xavier Niel, puis en approchant son concurrent UGC, comme il l’expliquait déjà cet été. « Nous avions proposé à UGC de fusionner en 2021, car nous sommes très complémentaires et que dans l’avenir, il faudra être plus gros pour avoir la capacité de se développer sur le long terme. »
Et pour se développer, l’homme d’affaires veut lever de l’argent frais. « On veut faire appel au public pour rechercher des capitaux. On en a besoin pour investir », explique-t-il. « Les salles ayant été fermées pendant deux ans, c’est un métier qui a beaucoup souffert. Même si on a été aidé par les gouvernements dans les pays où on opère, une entreprise arrêtée est appauvrie. Il faut qu’on soit en mesure d’innover. »
Après deux années de crise – le groupe a perdu 100 millions d’euros sur 2020-2021 – et au au moment où, outre-Atlantique, le géant Cineworld vient de déposer le bilan, Jérôme Seydoux veut donc rénover son parc de salles. « Les projecteurs numériques classiques sont aujourd’hui obsolètes. Ils ont été installés il y a dix ans et sont en fin de vie. Tous les exploitants dynamiques sont en train de passer aux projecteurs laser qui donnent une meilleure image, ont une longévité plus longue et consomment deux fois moins d’électricité. Pour Pathé, cela représente un investissement de 100 millions environ. »
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Car le patron de Pathé, que l’on sait favorable à une réforme de la chronologie des médias, reste confiant sur l’avenir de la salle, dont l’expérience, même avec une fenêtre plus courte, reste unique. « Les plateformes de streaming ne sont pas nos concurrents directs, souligne-t-il. Nous sommes complémentaires. Voir Top Gun en Dolby, en Imax, en 4DX, cela n’a rien à voir avec un visionnage sur votre télévision ». En revanche, c’est sur la production que Jérôme Seydoux est vigilant. « Là où on est en concurrence, c’est sur les contenus. Si on veut qu’ils ne soient pas tous décidés aux États-Unis, il faut qu’il y ait des acteurs comme Pathé capables de garder nos grands talents européens. »
Au-delà des films de cinéma tels que les prochains Trois Mousquetaires, Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu, ou encore deux films sur De Gaulle, confiés à Antonin Baudry et dont le tournage doit démarrer en 2023, Pathé s’est déjà lancé dans la production de séries. « Pour attirer les talents, il faut qu’on puisse travailler avec eux à la fois sur les films et les séries. » Et Jérôme Seydoux indique qu’en 2023, le groupe va lancer son propre service de VOD en France, après cinq ans d’expérimentation d’un service analogue aux Pays-Bas.
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