Passage de relais à L’Épée de Bois

Une nouvelle exploitante reprend le cinéma art et essai de la rue Mouffetard, dans le 5ᵉ arrondissement de Paris, à partir d’aujourd’hui.

Nouveauté dans la continuité pour L’Épée de Bois, dont l’exploitant, Dragan Klisaric, a confié les clés à Camille Labé. Si son patronyme est lié au(x) cinéma(s) français, c’est la première fois que la jeune femme se lance dans l’exploitation sous son prénom. Celle qui se dit avant tout « cinéphile et cinévore » avait depuis longtemps le projet de reprendre un cinéma, « ce qui semblait toutefois très difficile à Paris ». Pourtant, à force de contacter tous les établissements de la capitale, la tenacité de la jeune femme finit par payer. Ce sera L’Épée de Bois, « et j’en suis d’autant plus heureuse que je vis à côté : c’est le cinéma que je fréquente dont je vais m’occuper ». Camille Labé a acquis le fonds avec son mari, mais c’est elle qui va gérer et programmer le cinéma art et essai, qui était depuis sept ans exploité par Dragan Klisaric et Martine Metert, eux-mêmes l’ayant racheté en 2017 à Jacques Font de Cinémovida. « Je remercie beaucoup Dragan et Martine pour leur confiance, et pour le temps passé ensemble afin que la transition se passe bien. Car je connaissais l’exploitation, mais n’étais pas formée à la technique ». La “primo accédante” connaît en effet le sujet, ayant grandi dans un cinéma, le Casino d’Auxerre que tenaient ses parents, Maryse et Jean Labé. Ce dernier ayant été, s’il faut le rappeler, président de la FNCF pendant 25 ans.

Un cinéma de quartier et de continuations
Changement de génération donc, mais sans révolution pour le cinéma parisien de 2 salles (de 75 et 65 places), classé Recherche et spécialisé dans les continuations. À l’affiche cette semaine, 15 films dont Priscilla, Les Filles d’Olfa, Perfect Days ou encore Le Règne animal, programmé à partir de sa 4e semaine et depuis jamais arrêté. La nouvelle exploitante entend « poursuivre sur cette ligne qui est de garder les films très longtemps, sans chercher à avoir de sorties nationales, car c’est aussi un atout d’avoir des titres dont le bouche-à-oreille est lancé ». L’Épée de Bois étant membre des CIP, « nous continuerons à travailler main dans la main sur des opérations communes », comme par exemple les “Breakfast Club (but at night…!)”, dont un est prévu le 5 mars.

Camille Labé devant son cinéma

Camille Labé pense par ailleurs développer le patrimoine, jusqu’à présent limité à des événements ponctuels comme le festival Play it again !  – « pourquoi pas une rétro Louis de Funès » –, instaurer des séances en matinée et de nouveaux rendez-vous, en événementialisant davantage. « Chaque mardi, sous l’intitulé “Mardi soir rue Mouffetard”, nous proposerons une projection suivie d’une discussion, avec des intervenants très variés. » Et même si le hall n’est pas grand, « nous allons aussi développer une offre confiserie de type food and beverage, avec des produits locaux “premium” ».
Le tout en s’adressant à tous, dans ce qui reste un cinéma de proximité. « La rue Mouffetard est un écosystème en soi et L’Épée de Bois accueille beaucoup d’habitants du quartier, mais aussi ceux qui viennent s’y promener. » Ce qui n’empêche pas, comme lors du dernier Festival Télérama, d’accueillir des spectateurs venus de toute l’Île-de-France. Avec un plein tarif à 9,90 € et 6,90 € pour les étudiants, acceptant les cartes CIP, UGC ou encore le pass Culture « qui marche très bien », L’Épée de Bois a enregistré en 2023 près de 43 000 entrées, retrouvant là son niveau pré-Covid. Camille aimerait faire plus, mais se dit réaliste. Pour l’heure, elle sera secondée par une deuxième personne, et se réjouit que le cinéma, qui est en bon état, n’ait pas eu à fermer au moment de la passation. Elle lancera sa première séance aujourd’hui, avec Les Feuilles mortes et En attendant la neige.

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