INTERVIEW – Après deux années d’annulation, le 6e Studio Show se tiend les 7 et 8 juillet à l’UGC Normandie à Paris. Avant que Paramount, Sony, Universal et Warner Bros. y présentent leurs line-ups et films en exclusivité, entretien avec Olivier Snanoudj, président du Syndicat franco-américain de la cinématographie (Sfac) qui rassemble les quatre filiales des studios.
Qu’est-ce qui a évolué dans votre façon de sortir des films depuis la reprise… et que comptez-vous faire évoluer ?
Encore plus qu’avant, il importe d’événementialiser la sortie des films car il est de plus en plus difficile d’être au centre des conversations pour une sortie cinéma. Paradoxalement, alors que les entrées sont en baisse, nous sommes contraints à investir plus, tout d’abord pour émerger plus et créer plus l’événement, mais aussi parce que le coût des espaces publicitaires a augmenté. Nous sommes donc dans une équation économique complexe, que ressent l’ensemble de la profession. D’autre part, pour la plupart des studios, nous sortons moins de films. Là aussi, il y a une part de conjoncturel et une part de structurel. Les conséquences du Covid, du décalage des tournages, des sorties et de l’engorgement des sociétés de post-production aux États-Unis se font toujours ressentir. Le marché est toujours convalescent, notamment pour les films français. La question du report de sorties se pose encore. Le récent exemple de Top Gun : Maverick a montré les vertus de la patience. Les situations doivent en fait s’apprécier au cas par cas et chaque studio a une approche différente.
La chronologie des médias française, est-ce une chance ou un frein pour vos films ?
Les deux ! Les expériences menées dans le contexte particulier du Covid et de la fermeture des salles dans le monde ont eu le mérite de montrer qu’une fenêtre d’exclusivité salle est indispensable et vertueuse économiquement. Néanmoins, les fenêtres se sont rétrécies partout dans le monde, y compris chez l’ensemble de nos voisins européens – notamment francophones, ce qui a son importance – sauf… en France. Pourquoi ? En réalité, une transformation majeure de nos secteurs était déjà engagée avant la crise du Covid. La salle reste indispensable, le restera à l’avenir, mais elle n’est plus systématiquement incontournable. Des alternatives existent, ce qui explique les annonces récentes de Disney, qui ne sont pas une surprise. Nous avions prévenu et alerté sur ce risque depuis longtemps, mais nous passions un peu pour des Cassandre… L’évolution rapide et tranchante des habitudes et la demande des spectateurs poussent nos groupes à réduire les délais. Des études ont par ailleurs été menées pour évaluer la bonne durée des fenêtres sans que la suivante nuise à la précédente et c’est ce qui se pratique en dehors de la France, notamment au Benelux par exemple. Dans l’absolu, la chronologie est une chance d’assurer des revenus permettant de continuer à produire des œuvres ambitieuses, mais si elle n’évolue pas rapidement et radicalement en France, elle deviendra de plus en plus le frein qu’elle est déjà.
Comment a évolué votre relation avec les exploitants ces deux dernières années ?
Elle n’a pas tant évolué en réalité. J’ai envie de dire que nous sommes dans le même bateau, même si les éditeurs ont été moins soutenus que les exploitants. Nous devons trouver ensemble les clés pour remettre un maximum de spectateurs sur le chemin des salles et leur donner envie de revenir plus souvent. Nos films peuvent y contribuer bien sûr, l’action nationale et locale des exploitants aussi. La mise en commun des ressources, des data et la transparence des chiffres sont plus que jamais indispensables pour réussir ensemble. Notre impression est qu’il faudrait davantage d’échanges pratiques, d’ateliers de travail collectifs pour trouver des solutions applicables sur le terrain.
Qu’attendez-vous du StudioShow, qui revient après deux éditions annulées ?
En premier lieu, que ce soit un grand moment de retrouvailles et de convivialité au sein d’un événement professionnel pour lequel nos équipes travaillent d’arrache-pied et avec enthousiasme. Nous avons préféré reporter l’événement les deux dernières années plutôt que ne pas pouvoir l’organiser comme nous le faisons depuis l’origine, notamment avec une grande soirée festive qui laisse toujours d’excellents souvenirs. Nous allons comme toujours montrer un maximum d’images inédites et de films en avant-première en espérant donner confiance en l’avenir.
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