Maxime Saada dans Stratégies : « La nature de notre engagement dépend des conditions qui nous seront proposées par les organisations du cinéma »

Maxime Saada lors des Rencontres de l'ARP 2022 © Susy Lagrange pour l'ARP

Après les récents mouvements de Canal+ et Disney, qui sont en train de négocier leurs places dans la nouvelle chronologie des médias, le président du directoire de Canal+ revient, dans un entretien à Stratégies ce 9 janvier, sur la politique générale du groupe et notamment son engagement dans le cinéma français. 

Ces derniers mois, Canal+ a, entre autres, décidé le retrait de ses chaînes de la TNT – puis est entré à la Bourse de Londres. En parallèle, Disney a retiré ses offres de Canal+, et devrait conclure un accord avec le cinéma français, comme l’ont fait Netflix et Prime Video, en contribuant davantage à la production… et en visant une fenêtre plus courte dans la chronologie des médias, proche de celle de Canal. 

Interrogé par Stratégies, le président du directoire du groupe Canal+ rappelle d’abord que, sur le cinéma, « nous avons eu en 2023-2024 l’offre la plus riche de l’histoire de Canal +. En 2024, nous avions des accords avec tous les studios de cinéma hollywoodiens, ce qui n’avait pas été le cas depuis 1996. Et nous avons signé le plus gros contrat de l’histoire de Canal + avec le cinéma français (220 millions d’euros) ».

Sur les tractations de Disney qui voudrait voir sa fenêtre avancée à 6 mois, Maxime Saada répond que « cela dépend des organisations du cinéma » et que, lui, jugera où Canal + doit être positionné, et pour quel montant, « en fonction de là où atterrissent potentiellement Disney ou d’autres plateformes. C’est une question d’équité. Nous sommes soumis aux quotas et à des obligations auxquelles ne sont pas soumises les plateformes ».

En retirant ses fréquences de la TNT, Canal peut toutefois voir son taux de TVA remonter à 20 % au lieu de 10 %, ce qui est « de nature » à modifier ses obligations envers le cinéma. « La nature de notre engagement dépend des conditions qui nous seront proposées par les organisations du cinéma, rappelle le patron de Canal. Est-ce que nous voulons baisser nos obligations ? Certainement. Est-ce nous voulons pour autant baisser nos investissements ? Nous verrons. Ce qui est essentiel pour moi, c’est que Canal + ne se retrouve pas coincé dans un système où il devrait payer des montants très significatifs d’obligations pour des avantages potentiellement réduits par rapport aux autres plateformes qui payent beaucoup moins. Mon scénario central était le renouvellement aux mêmes conditions. Il a été rejeté par les organisations du cinéma puis rendu caduc par la volonté de Disney de rentrer dans un régime cinéma. Nous ajusterons donc notre proposition en fonction des possibilités qui nous seront données une fois que ce groupe sera positionné. »

Maxime Saada lors des Rencontres de l'ARP 2022 © Susy Lagrange pour l'ARP