La commune des Alpes-Maritimes, à mi-chemin entre Cannes et Grasse, accueille un équipement cinématographique haut de gamme, doté de la première salle Ōma du monde, où les séances débutent ce mercredi 24 avril.
Une inauguration dont la Ville de Mougins est particulièrement fière, elle qui a initié le projet, plus vaste, d’un nouveau centre-ville proposant habitations, commerces, bureaux, parkings… et un complexe cinématographique destiné à l’animer. Le projet ne pouvait qu’intéresser Daniel Taillandier, qui a repris La Strada de Mouans-Sartoux en juin 2021, en même temps que deux autres anciens CinéAlpes (le Ciné Mazarin de Nevers et le Cristal d’Aurillac) auprès de Pathé Cinémas.
« Au départ, je ne voyais pas l’intérêt d’avoir un autre établissement si proche, à 2,5 km à peine de la Strada », confesse le dirigeant de CinéWest. Mais c’était sans compter sur l’arrivée de Cineum à Cannes en juillet 2021, « un magnifique cinéma, avec une offre premium rare, qui a monté l’exigence des spectateurs dans le secteur », note l’exploitant. Il décide alors de renforcer l’offre de son complexe de 5 salles à Mouans-Sartoux – entièrement rénové l’année dernière, mais sans possibilité d’extension – avec le projet de Mougins, dont il réceptionne la coque « froide » auprès du promoteur Cogedim afin d’y aménager 3 salles.
L’impératif premium
Face à la richesse de l’offre premium déjà implantée dans la région – Imax, ScreenX, Aurore et Lodge au Cineum, la salle Ice CGR Cagnes-sur-Mer, sans compter les salles premium du Cineplanet d’Antibes inauguré fin janvier dernier –, Daniel Taillandier a fait le pari de « remplacer le “toujours plus de technologie” par plus de services, de relations humaines, et de confort ». D’où le choix Ōma…
Proposée pour cette première dans sa variante “mixte”, la salle Ōma de Mougins combine un parterre classique de plus d’une centaine de places et cinq loges arrondies suspendues, accueillant jusqu’à huit spectateurs chacune. « Un défi qui a été rapidement surmonté par les ingénieurs et bureaux d’études, qui ont l’habitude de construire des structures en porte-à-faux bien plus complexes », relate Nicolas Chican, cofondateur d’Ōma Cinema avec son père, Pierre. « Bien moins contraignante que le béton », la structure en métal conçue par l’Atelier masse, et fabriquée sur place à Mougins, répond bien entendu aux normes sismiques de rigueur dans la région.
Les fauteuils ont été spécifiquement conçus pour la salle Ōma par le spécialiste italien Lino Sonego, avec des sliders mécaniques en bas, et électriques en haut dans les balcons ; ces derniers disposent par ailleurs de bacs de rangement en bois rétro éclairés entre deux sièges, sans compter les tablettes individuelles amovibles qui permettent de poser ses consommations, et qui seront bientôt disponibles dans les deux autres salles de cinéma. Car le dirigeant de CinéWest compte bien inscrire les services, notamment de boissons, au cœur de l’expérience différenciante – tout comme des compléments de recettes – des Balcons de Mougins. Et si l’exploitation du bar privatisable situé à l’arrière de la salle Ōma reste encore à définir (dans un premier temps dans le cadre d’avant-premières et autres séances spéciales), l’espace confiserie du hall principal, « dont le meuble a été réalisé au Maroc en carrelage zellige par un artisan » comme le décrit l’exploitant, propose déjà formules solo ou duo avec champagnes, bières et vins de la région ; en bref, « tout ce que l’on trouve dans les meilleurs théâtres et opéras parisiens ».
De l’ombre à l’immersion sonore
Outre son écran de 14 m de base et son projecteur 4K laser Christie dernière génération – positionné à mi-hauteur de l’écran, entre les balcons en quinconce pour éviter toute distorsion de l’image –, la salle d’Ōma de Mougins a bénéficié d’un travail inédit sur le son. « Dans une salle de cinéma classique, le son optimal est calibré sur le milieu horizontal et vertical de l’espace. Or ici, il nous fallait le restituer au niveau de chaque loge et neutraliser les zones d’ombre sonore créées par le relief des balcons », explique Nicolas Chican, en revenant sur la collaboration entre Dolby et Ciné Digital, qui a donné naissance à un système Dolby 7.3. Ainsi, outre les enceintes derrière l’écran et le surround gauche et droit habituel, le système a été renforcé par des enceintes d’ambiance intégrées dans chaque balcon-loge. « Cela nous a permis de transformer la contrainte de départ en une expérience sonore encore plus immersive », se réjouit le représentant d’Ōma Cinema.
Aux côtés de cette salle premium prototype, les deux petites salles, de 70 places chacune, n’en sont pas moins « de très haut niveau » ; l’ensemble étant complété par un espace réception conçu « dans l’esprit d’offrir plus de services aux particuliers et aux entreprises », souligne Daniel Taillandier.
Populaire avant tout
Sous la direction d’Adrien Borel, déjà directeur de La Strada voisine, et la programmation de Thibaut Martines, programmateur du réseau CinéWest, Les Balcons de Mougins proposera une offre complémentaire du cinéma de Mouans-Sartoux. « Nous allons observer et nous adapter à notre clientèle, sachant que la population des deux communes est sensiblement la même. ». Une complémentarité qui se retrouve tant au niveau des films que des tarifs, entre ceux des salles classiques de Mouans et le modèle « plus premium » de Mougins. « Tout est fait pour éviter la concurrence entre nos deux sites », souligne l’exploitant, qui compte bien attirer une clientèle supplémentaire, tablant sur une fréquentation de 300 000 entrées annuelles sur les deux établissements combinés (sachant que La Strada en avait réalisé 216 000 en 2023).
Avec un plein tarif à 15 € dans les balcons-loges de la salle Ōma, et de 13 € dans l’orchestre, Daniel Taillandier tient à « proposer du premium, mais pas à un tarif premium. Même si notre projet représente un investissement lourd, d’un budget total de 4,5 M€, le cinéma reste un loisir et une culture populaires. Pour continuer à attirer les gens, il nous faut aussi rester accessibles en termes de prix. »
Les Balcons de Mougins devient le 12e cinéma CinéWest, qui totalise désormais 80 écrans. Le réseau, classé 8e plus gros circuit français d’exploitation en 2023 avec un total de plus de 2,5 millions d’entrées, accueillera un nouveau complexe de 6 salles à Brignoles d’ici la fin de l’année. « Avec le nouvel Aurore de Vitré inauguré en Ille-et-Vilaine en novembre dernier, il s’agira de notre troisième ouverture en un an », se félicite le dirigeant de CinéWest, sans éluder l’effort que cela représente pour sa structure. À Mougins, “l’audace Ōma” de l’entrepreneur est une première mondiale, qui sera scrutée de près. « Nous allons voir comment les spectateurs s’approprient ce concept, les suivants bénéficieront de notre expérience », sur un concept qui a vocation à essaimer, en France et, bien entendu, au-delà…
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