Les 27 cinémas du royaume ont appris, la veille pour le lendemain, qu’ils pouvaient enfin rouvrir à partir du 1er juin 2021… alors qu’ils étaient à l’arrêt depuis mars 2020 ! Une très longue fermeture émaillée d’appels et de lettres ouvertes de la part des exploitants, qui ont particulièrement souffert du manque de considération des autorités publiques.
« Au Maroc, nous réalisons même pas un centième des entrées de la France, pour une population de plus de 36 millions d’habitants [à peine plus d’un million de spectateurs en 2019, ndlr. ]. Les enjeux pour l’État, qui n’est pas rentré dans le détail, ne sont pas comparables avec ceux d’autres secteurs comme celui du tourisme », explique Pierre-François Bernet, dont le CinéAtlas de Rabat a repris les séances depuis le 5 juin, en relevant tous les défis passés et en préparant ceux à venir.
Le petit parc cinématographique marocain, qui a donc eu tant de mal à se faire entendre, est, en outre, un marché ultra concentré, entre Megarama qui en représente 70 %, CinéAtlas 10 % et Imax (implanté dans le Morocco Mall de Casa, pour l’heure le plus grand centre commercial d’Afrique) 5 %. Mais qui dit petit parc dit aussi grand potentiel de développement, a fortiori sur ce continent africain de toutes les promesses. Alors que Pathé poursuit son projet à Casablanca, CinéAtlas ambitionne toujours de devenir le premier réseau de complexes premium du pays. À ses trois projets déjà en cours (à Casa et à El Jadida) ou en instance de début de travaux (la réhabilitation du Mauritania à Tanger) [voir Boxoffice Pro n°393 du 23 septembre 2020], Pierre-François Benet vient de rajouter celui d’un multiplexe de sept salles sur la corniche de Rabat. « Ma logique est d’aller le plus vite possible », explique l’entrepreneur qui avance avec ses fonds propres et estime que « le public marocain est restreint par le manque d’écrans ».
En attendant, l’exploitation existante mise sur une levée de la limitation à 50 % de jauge et du couvre-feu de 23h pour début juillet. « Les films forts arrivent les uns après les autres, et les salles ont toujours un lien fort avec leur public. » Reste que les Marocains ne sont pas seulement en manque de cinéma mais de… cinémas.
Partager cet article