[Mis à jour avec des réactions] Lors de sa conférence de presse, le Premier ministre Jean Castex a repoussé la décision de réouverture des salles de spectacles et de cinémas au 7 janvier. Une reprise qui sera à nouveau soumise à conditions.
« Nous ne pouvons pas baisser la garde ». C’est par ces mots que Jean Castex a introduit la nouvelle : les salles de cinéma ne rouvriront effectivement pas le 15 décembre, les conditions sanitaires fixées pour leur reprise n’étant actuellement pas réunies. Cinémas, théâtres, salles de spectacles et tout autre établissement recevant du public seront fermés au moins trois semaines de plus. « Je mesure combien ces décisions sont difficiles à accepter, même si tous ces établissements disposent de protocoles sanitaires. Je sais que les filières étaient mobilisées, que tout était prêt pour que les rideaux se lèvent et que les écrans s’illuminent », a déclaré le Premier ministre, tout en confirmant le maintien des dispositifs économiques de soutien à la fois généraux et propres à la culture.
La clause de revoyure est donc désormais fixée au 7 janvier, toujours en fonction de la situation sanitaire et son évolution après les fêtes de fin d’année. C’est à cette date que les professionnels et les pouvoirs publics se réuniront pour évoquer à nouveau la date de réouverture des cinémas et autres salles de spectacles, qui n’est donc pour l’heure pas connue.
Les exploitants dans l’incompréhension
« Nous sommes révoltés par ce qui a été annoncé », a réagi Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la FNCF, soulignant que les salles de cinéma ne peuvent pas rouvrir malgré la reconnaissance des mesures sanitaires qui y sont mises en place. « Les transports et les commerces restent ouverts, sans nouvelles mesures, les lieux qui présentent le moins de danger restent fermés. La Culture paie les erreurs de prévisions d’un ordinateur du ministère de la Santé. C’est une immense injustice envers tous les acteurs du milieu culturel. C’est incompréhensible. Nous allons discuter avec tous les acteurs de la Culture et nous mobiliser pour faire évoluer cette décision consternante. »
« C’est une incompréhension totale », a commenté Isabelle Gibbal-Hardy, co vice-présidente de l’Association des cinémas art et essai. « Après ce que l’on a vu pendant le week-end du Black Friday et les phénomènes de foule, ne pas nous permettre de rouvrir alors que nous sommes plus que jamais attachés à la protection de nos publics et de nos équipes, c’est révoltant. Les spectateurs des cinémas art et essai connaissent notre fragilité et sont particulièrement attachés à nos salles ; ils savent que pour nous protéger, ils doivent se protéger. Ils ont été exemplaires. » L’AFCAE est de fait très inquiète pour l’avenir de certains cinémas municipaux et associatifs. « extrêmement fragilisés ».La co vice-présidente de l’association confie en outre son inquiétude pour les partenaires distributeurs :« ils avaient investi dans la promotion de leurs films avant le confinement, puis réinvesti sur ces mêmes titres pour le 16 décembre. C’est difficile pour eux, nous sommes plus que jamais solidaires. La survie de la salle au sens art et essai ne peut s’entendre que par une solidarité de l’ensemble du secteur. »
C’est donc le choc pour toute une profession qui préparait la reprise depuis des semaines, avec plus de 47 sorties ou rééditions calées d’ici le 6 janvier, sans compter les 113 qui ont vu leur carrière écourtée au moment de la seconde fermeture fin octobre. Et tous les titres repositionnés vont devoir à nouveau, pour certains, laisser leur place à d’autres… Déjà terriblement impactés depuis mars 2020, exploitants et distributeurs doivent donc faire l’impasse sur l’un des meilleures périodes de fréquentation. Les vacances de Noël de l’année dernière, à savoir les trois semaines cinématographiques allant du 18 décembre 2019 au 7 janvier 2020, avaient permis aux salles d’accueillir plus de 15,8 millions de spectateurs. Depuis 2001, 15,5 millions d’entrées sont réalisées en moyenne sur les deux dernières semaines de décembre et la première de janvier, d’après CBO.
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