Le cinéma plus que centenaire, qui abrite l’American Cinematheque, reprend les séances ce 9 novembre, après trois ans de travaux menés par son nouveau propriétaire : Netflix.
Au printemps 2020, en pleine pandémie, la plateforme américaine mettait la main sur l’Egyptian Theater d’Hollywood Boulevard. De quoi offrir à ses productions maison un accès à un grand écran de prestige – et une étape de choix pour pouvoir passer à la case des candidatures aux Oscars –, sans pour autant déloger l’institution cinéphile ni remettre en cause sa vocation à diffuser des œuvres du répertoire.
En outre, l’Egyptian Theater représente lui-même tout un patrimoine cinématographique. Son inauguration en 1922 marquait nombre de premières : premier cinéma du quartier d’Hollywood, premier tapis rouge, première avant-première – celle de Robin Hood, en compagnie de Douglas Fairbanks, qui restera à l’affiche durant six mois. Cinq années plus tard, Sid Grauman, cofondateur de l’établissement, crée, 400 mètres plus loin, le Chinese Theatre. Mais tandis que ce dernier s’adapte au passage du temps, l’Egyptian, sa cour extérieure flanquée de colonnes, ses hiéroglyphes colorés et ses statues de sphinx, peinent à préserver leur superbe au fil des décennies suivantes, jusqu’à la fermeture du cinéma en 1992.
Gravement endommagé par le séisme de 1994, le bâtiment du 6712 Hollywood Boulevard est cédé deux ans plus tard par la municipalité à l’American Cinematheque, qui entreprend une première rénovation, dans le cadre d’un projet de revitalisation du quartier. L’acquisition par Netflix a permis, dès 2021, de pousser plus loin la restauration des lieux et de renouer avec les splendeurs originelles du cinéma, à commencer par ses 516 sièges en velours vert, son plafond orné et son enseigne néon, tandis qu’ont été retirés le balcon et les appeaux acoustiques mis en place à la fin des années 1990.
Ce jeudi 9 novembre, l’Egyptian Theatre fête donc sa réouverture en même temps que son 101e anniversaire, avec une projection de The Killer, la nouvelle production Netflix signée David Fincher et, bien entendu, en présence de l’intéressé. Suivront d’autres projections événementielles de productions maison (notamment Maestro de Bradley Cooper du 22 novembre au 7 décembre), sachant que l’Egyptian Theatre restera aussi, et avant tout, le temple de l’American Cinematheque, qui assurera la programmation des lieux les vendredis, samedis et dimanches (un premier festival Ultra Cinematheque 70mm dédié aux classiques de l’âge d’or du 70mm est prévu du 10 au 21 novembre). Pour rappel, en France aussi, le streamer fait figure de mécène cinéphile, via ses engagements auprès de la Cinémathèque française.
À noter enfin que pour célébrer « la renaissance » de l’Egyptian Theatre, Netflix propose aussi, sur sa plateforme, Temple of Film: 100 Years of the Egyptian Theatre, un court métrage documentaire retraçant l’histoire des lieux, en compagnie notamment des réalisateurs Guillermo Del Toro et Rian Johnson, ainsi que de l’architecte en charge de la restauration, Peyton Hall.
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