Le Nuiton, en quête d’un jour nouveau

La Communauté de communes a repris le Nuiton après avoir voté à l’unanimité en faveur d’une rupture anticipée de bail liant le cinéma et la MJC. © Bourgogne Franche-Comté

En Bourgogne Franche-Comté, le cinéma de Nuits-Saint-Georges a connu des mois difficiles, marqués par une fréquentation faible et des problèmes de gestion. Le mono-écran a donc été repris par la Communauté de communes de Gevrey-Chambertin et de Nuits-Saint-Georges, le 1er juillet, dont l’intention est de relancer la dynamique en alliant programmation éclectique et dispositifs locaux. 

Déboires financiers et complexités organisationnelles ont eu raison de l’accord liant le Nuiton et la Maison des jeunes et de la culture de Nuits-Saint-Georges, qui exploitait le cinéma depuis 30 ans: « La MJC n’était pas en mesure de combler le déficit du cinéma. Malheureusement, la solution a été une rupture du contrat, qui a été actée lors de leur conseil d’administration en avril dernier », relate Pascal Bortot, vice-président délégué à la Culture de la Communauté de communes de Gevrey-Chambertin et de Nuits-Saint-Georges.

Dans la foulée, les élus locaux réunis en conseil communautaire ont voté à l’unanimité en faveur d’une rupture anticipée de bail, qui devait prendre fin en 2029. Afin de ne pas laisser dépérir le Nuiton, seul cinéma sur l’axe reliant Dijon et Beaune, l’intercommunalité, déjà propriétaire des murs, a donc repris le mono-écran le 1er juillet. « Nous avons des conditions difficiles pour faire bouger les habitudes des gens dans la région, qui se rendent communément dans les complexes de ces deux villes, confesse Pascal Bortot, qui affiche dans l’élan son optimisme. Nous portons néanmoins l’ambition de doubler le nombre d’entrées, soit 20 000 contre 9 000 auparavant, et d’en faire davantage pour le cinéma dans les mois à venir, avec des séances spéciales, des spectacles et des initiatives diverses. » 

Le renouveau est bel et bien entériné par la programmation entreprenante mise en place pour la réouverture : une projection du film Le Tableau Volé de Pascal Bonitzer, le 6 septembre, en présence de l’actrice Laurence Côte et d’un commissaire-priseur ; une avant-première le lendemain du long-métrage de Daniel Auteuil, Le Fil, suivi d’un débat avec un avocat pénaliste ; et enfin la projection, le 8 septembre de Quand vient l’automne de François Ozon, dont la sortie nationale est prévue pour le 2 octobre.  

Un ancrage dans le secteur et la région

La fermeture estivale fut l’occasion pour la Communauté de communes de reprendre le contrôle du site de 207 places – dont 5 PMR –, et ainsi mettre en branle les processus de recrutement, de formation et d’introduction des outils de communication. Patrick de Grandmaison, directeur de l’action culturelle et sportive, aux commandes de l’exploitation du cinéma, coordonne désormais une équipe composée d’un projectionniste et d’un responsable du développement des publics, chargé notamment des actions culturelles et de la visibilité du cinéma.

Côté travaux, le Nuiton a déjà fait l’objet d’une rénovation, il y a deux ans, d’un montant de 500 000 euros, financés majoritairement par la Communauté des communes, avec la participation du Conseil départemental et de la MJC, qui administrait alors la salle. « Tous les fauteuils et l’écran ont été changés, la 3D a été installée et le système son a été amélioré. Nous n’avons donc pas besoin de réaliser de travaux, hormis quelques aménagements pour les postes de travail de nos agents ainsi que sur la façade, avec l’aide des Bâtiments de France, puisqu’on est dans un environnement classé », détaille Patrick de Grandmaison. La capacité de la salle s’était vu réduite d’une cinquantaine de places. 

La salle du Nuiton, qui compte 207 places, lors de sa réouverture le 6 septembre. © Quentin Guillot

En dépit de cette restructuration, pourtant attendue des Nuitons à l’époque, le cinéma a tout de même souffert d’une faible fréquentation dans les années qui ont suivi ; un épisode que la Communauté des communes se pare de revivre à la faveur d’une politique d’ancrage régionale soutenue : d’abord en intégrant le réseau des Cinémas Indépendants de Bourgogne Franche-Comté (CIBFC) et leurs dispositifs, à l’instar de Cin’Espiègle, un programme de courts-métrages et de films art et essai adaptés aux 3-6 ans, agrémenté d’animations spéciales ; puis en « développant les liens » avec l’Afcae et l’ADRC, avec notamment la participation au festival Play it Again !. « Nous sommes classés art et essai avec le label jeune public, et avons donc vocation à favoriser la découverte. Mais l’idée est aussi de chercher le public local avec une sélection plus généraliste qui va correspondre à leurs attentes

Ces velléités demeurent tout de même confrontées à des contraintes structurelles et programmatiques liées à son statut de mono-écran et à des sorties trois semaines après leur diffusion nationale : « L’idée est de proposer plus qu’une projection. C’est pour ces raisons qu’on s’accompagne d’un maximum de gens qui connaissent très bien l’exploitation, et qui nous permettront d’organiser des projections spéciales et des débats », répond le directeur de l’action culturelle et sportive. Patrick de Grandmaison a ainsi concocté un nouveau rythme de séance, à savoir trois le mercredi, le samedi et le dimanche, deux le vendredi et une le mardi. Les lundis et jeudis sont fermés, sauf pour d’éventuelles séances scolaires. « Nous passons par l’entente de programmation Panacea –  la structure de Régis Faure, qui programme 14 cinémas dans la région. » Une politique qui permet de proposer de nouvelles formules telles que le coup de cœur surprise de l’Afcae, « pour créer davantage la confiance entre nous et le public ».

Car l’heure est en effet à l’établissement d’un lien fort avec le public, qui débute par une communication accrue sur le site du cinéma, en cours d’élaboration, ainsi que sur les réseaux sociaux. La Communauté des communes a par ailleurs lancé un appel dans le territoire aux personnes disposées à aider quant aux tâches d’accueil, de distribution et de programmation. Toute une machinerie qui ne répond qu’à un seul objectif, « que les gens de la collectivité aient plaisir à venir au cinéma ». 

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