
Le deuxième film réalisé par le comédien Mathias Mlekuz sort ce 26 février, sous pavillon Ad Vitam, après une grande tournée où se sont partagés rires, larmes et confessions.
C’est l’été dernier que Grégory Gajos, directeur des ventes et des acquisitions d’Ad Vitam, est contacté par le producteur de À bicyclette !, qui lui montre le film, lui annonçant également sa sélection au festival d’Angoulême. « Nous avons été plusieurs dans l’équipe à le découvrir, et avons tous été très touchés et enthousiastes, se souvient Emmélie Grée, responsable de la programmation. La réaction du public d’Angoulême, par ailleurs « très varié dans sa typologie », finit de convaincre Ad Vitam de se lancer dans l’aventure.
Montrer et discuter autant que possible
Dès le début, le distributeur sait qu’il a entre les mains une œuvre atypique, qui nécessite un accompagnement spécifique. À bicyclette ! est un projet hybride, entre drame et comédie, entre fiction et documentaire, dans lequel Mathias Mlekuz voyage à vélo pendant un mois, en compagnie de son ami le comédien Philippe Rebbot, de La Rochelle à Istanbul. Un trajet qu’avait entrepris le fils du réalisateur, Youri, décédé à 23 ans. « Nous ne pensions pas y arriver, car au-delà de nos physiques et de nos âges, nos vies ne nous permettent pas un tel projet, relatent les deux camarades, croisés lors des dernières Rencontres de Bretagne. Mais très vite, sublimer en un film cette terrible perte s’est imposé comme geste essentiel. C’était finalement notre plus grande contrainte : penser et vivre autrement une tragédie… et trouver un endroit où dormir le soir. »
Conscient du pari que représente un tel geste artistique lié au deuil, Ad Vitam n’a pas cherché à contourner le drame dans sa communication : « Nous parlons du décès de Youri dans le synopsis, la bande-annonce, les teasers… C’est dit, simplement, et je crois que c’est ce qui fait du bien aux spectateurs », affirme Emmélie Grée. Le distributeur a mis en place une large campagne d’avant-premières, et l’équipe s’est déplacée sur 76 dates entre novembre et février, « avec une pause entre mi-décembre et mi-janvier, reprenant au Festival de l’Alpe d’Huez ». En parallèle, le film a enchaîné les sélections en festivals, remportant souvent le prix du public (à Angoulême, Valenciennes, Albi ou encore aux Rencontres cinématographiques de Cannes). « À bicyclette ! a un effet fort sur les spectateurs : ils en ressortent bouleversés après avoir ri et pleuré, observent Mathias Mlekuz et Philippe Rebbot. De nombreuses personnes viennent nous voir à la fin des projections, pour parler de leurs émotions. Beaucoup nous ont aussi fait remarquer qu’il était rare de voir des hommes aussi fragiles à l’écran, avant de livrer leur propre fragilité. Nous ne nous doutions pas, en faisant le film, que tous ces beaux moments forts partagés avec le public allaient donner du sens au projet. »

Emmélie Grée souligne de son côté « un engouement similaire dans les petites, moyennes et grandes villes. Nous avons également vu des personnes revenir voir le film en avant-première, après l’avoir découvert en festival, et emmener un ami ou quelqu’un de sa famille ». À l’adhésion des spectateurs s’ajoute celle des exploitants : après le festival d’Angoulême – où a démarré un « buzz » auprès des professionnels –, Ad Vitam a montré À bicyclette ! lors de sa convention à Paris le 15 octobre 2024. Là aussi les retours ont été excellents, de la part des indépendants comme des circuits, CGR, Pathé et UGC ayant notamment donné un label au film. La responsable de la programmation salue « la grande implication des exploitants, qui font un travail impressionnant d’éditorialisation autour de cette comédie à part ». Un constat partagé par Mathias Mlekuz et Philippe Rebbot : « Les exploitants font tout pour partager leur coup de cœur : pour faire connaître le film, ils vont chercher des associations, des cyclistes… Ils font un boulot considérable ! »
Une sortie qui prolonge un début d’année intense
Ad Vitam sortira donc À bicyclette ! le 26 février prochain sur près de 300 copies, et continuera à accompagner des séances promotionnelles, avec, pour l’heure, une trentaine de dates supplémentaires. Il s’agit déjà de la cinquième sortie du distributeur depuis le début 2025, après une année 2024 à 2,4 millions d’entrées et une 18e place parmi les éditeurs, ainsi qu’un remaniement de son équipe de programmation : venant respectivement d’Alba et Paname, Marion Grumiaux et Victor Loizeau épaulent désormais Emmélie Grée en tant que programmateurs, tout comme Nathan Pesnel, anciennement en stage chez KMBO et maintenant assistant de programmation. L’année se poursuivra avec Lumière, l’aventure continue de Thierry Frémaux le 19 mars, soit « le jour de l’anniversaire du premier film tourné au cinématographe » ; le précédent volet, Lumière ! L’aventure commence, était sorti en 2017, également chez Ad Vitam, et avait dépassé les 130 000 entrées.
Viendra, le 26 mars, Je le jure, le nouveau long métrage de Samuel Theis après Petite Nature, en 2022. Pour rappel, le réalisateur – aussi connu comme acteur, notamment dans Anatomie d’une chute –, a été visé par une accusation d’agression sexuelle lors du tournage. Un dispositif sera mis en place à la sortie pour rappeler notamment les faits signalés, ainsi que l’avancement de la procédure judiciaire : « Nous prolongeons le travail de Caroline Bonmarchand [la productrice de Je le jure, également co-fondatrice du groupe Respect, ndlr.], et les exploitants nous ont confié être très réceptifs à cette transparence », souligne Emmélie Grée. Le 23 avril sortira La Chambre de Mariana, le nouveau long métrage d’Emmanuel Finkiel, sept ans après La Douleur (330 000 entrées), puis L’Effacement de Karim Moussaoui le 7 mai, huit ans après En attendant les hirondelles (60 000 entrées). De quoi bien conclure une première partie d’année sur les chapeaux de roues… en attendant le Festival de Cannes.
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