Sept salles de cinéma, des espaces d’expos et deux restaurants, le tout sur quatre niveaux : après dix ans de gestation, le complexe “art-cinéma-food” a ouvert le 21 octobre sur l’artère emblématique de la cité phocéenne.
Il aura fallu dix ans pour monter le projet et deux pour mener à bout la construction de ce nouveau vaisseau marseillais, qui s’inscrit dans la redynamisation de tout un quartier. Conçu par l’architecte star Jean-Michel Wilmotte, Artplexe Canebière se définit en effet comme un lieu de vie et de rencontres multi-culturel. Un lieu qui propose, sur quatre niveaux, sept salles pour 996 places, dont une pouvant accueillir des concerts live, mais aussi une brasserie au rez-de-chaussée avec une terrasse de plain-pied, un restaurant panoramique au dernier niveau, associé à un espace lounge situé au 3e étage, dédié à l’événementiel. Le vaste hall d’accueil, avec caisses et confiserie, est équipé pour accueillir des expositions, visibles par les escalators centraux.
L’idée étant de s’inscrire dans l’environnement socio-culturel du quartier (la librairie Actes Sud, les théâtres du Gymnase et des Bernardines…), en étant animé en permanence par l’accueil d’artistes, plasticiens ou musiciens, de conférences et de festivals… au-delà, bien sûr et avant tout, d’une programmation de films généraliste, en VF et en VO, avec 30 % d’art et essai. « Un concept cinéma-art-food, qui correspond tout à fait à ce que doit être l’exploitation aujourd’hui, dans la société post Covid », commente Philippe Dejust, le fondateur de Cap Cinéma, qui a repris les rênes de la société Artplexe en 2017.
Car le projet ne date pas d’hier et a dû s’adapter à l’évolution du contexte, aux changements d’opérateurs et de municipalité. « L’idée d’Artplexe remonte à 2012, quand le maire Jean-Claude Gaudin a décidé de réhabiliter le haut de la Canebière, notamment en construisant un multiplexe art et essai face à l’église des Réformés, alors que Les Variétés, plus bas sur la Canebière, étaient à l’abandon. ». À l’époque, c’est l’association entre Jean-Jacques Léonard (qui travaillait avec le promoteur Altarea) et Gérard Vaugeois (Les Films de l’Atalante, Les 3 Luxembourg…) qui emporte l’adhésion de la Ville. Une première CDAC est obtenue en 2015 pour un cinéma de sept salles et 850 places, deux restaurants et des boutiques culturelles. Mais le financement est difficile à boucler, d’autant plus pour un cinéma qui se veut à 100 % art et essai, et qu’entre-temps, le fonds des Variétés, dont les murs appartiennent à la Ville, est repris et rénové par Jean Mizrahi. C’est là qu’entre en jeu le président de Cap Cinéma, qui apporte son expérience de l’exploitation et l’appui de ses partenaires financiers. Et quand il revend l’ensemble de ses salles à CGR en 2017, Philippe Dejust conserve celles de Blois et le projet de Marseille, pour lequel il fonde une nouvelle société. Une autre CDAC est déposée en 2019 pour un cinéma cette fois de 996 places, et une programmation qui se limitera à 30 % d’art et essai, pour ne pas être en concurrence frontale avec celle des Variétés.
Après re-discussion avec la mairie, qui entre-temps est passée au vert, le projet se concrétise avec le soutien de la Ville, le Département des Bouches-du-Rhône et la Métropole Aix-Marseille-Provence. Au final, après des travaux estimés à 15,5 millions d’euros, Artplexe Canebière a signé un bail emphytéotique de 57 ans avec la Ville, et devra s’acquitter d’un loyer annuel de 15 000 euros, complété par un pourcentage indexé sur les résultats. Ce sera le 13e cinéma de Marseille, « encore sous-équipée et loin de la moyenne des grandes villes de France », souligne Philippe Dejust qui, à quelques heures de l’ouverture, se dit très confiant : « Nous démarrons au bon moment, celui des vacances de la Toussaint, avec notamment une grande exposition du photographe Le Turk », souligne le président d’Artplexe, qui prévoit 300 000 entrées… les années sans Covid.
Plus d’infos dans le Focus du prochain magazine Boxoffice Pro.
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