Le complexe art et essai de la commune francilienne dévoile ce vendredi 7 octobre sa nouvelle salle premium équipée de cette technologie de diffusion émissive. Une première mondiale.
Repris en janvier 2021 par Xavier Orsel, via la société Ciné Zéphyr, L’Alcazar achève une importante rénovation (agrandissement du hall, installation de fauteuils club dans les quatre salles, mises aux normes PMR et changement du système son) avec l’installation d’un écran Led dans la grande salle de 300 places. Si le concept existe déjà sur le marché français avec les écrans Onyx de Samsung des Pathé Beaugrenelle (Paris) et Bellecour (Lyon), c’est la première fois dans l’Hexagone – et dans le monde – qu’il a été conçu par l’équipementier LG. De 10 mètres de base, l’écran est composé de 192 dalles Led (96 pour celui de Beaugrenelle), pour un poids total supérieur à 1,5 tonne. L’ensemble est maintenu par une structure unique, pensée par Mathieu Cazorla, directeur des opérations d’ADDE, qui a également participé à l’installation des écrans chez Pathé : « Comme les salles ne sont pas toutes aptes à recevoir autant de poids sur la dalle, il nous fallait opter pour une armature à la fois rigide et légère, donc majoritairement en aluminium, fixée au sol et au mur. L’ensemble prend la forme d’une galerie pour accéder à l’arrière des dalles où se fait la maintenance. »
Outre les traditionnelles enceintes pour le 7.1, le son provient de hauts parleurs situés en haut et en bas de l’écran, des réglages permettant d’offrir un rendu aux deux tiers de la hauteur de l’image, comme pour une salle traditionnelle. Afin de faciliter le travail de l’exploitant, le processeur utilisé est le CP950 Dolby, présent dans la plupart des cabines.
Au-delà du son et de l’aspect brut, ce qui frappe – et nous avons pu en faire l’expérience – c’est la qualité visuelle. « Allumé, l’écran arbore un aspect éteint, ce qui fait que le noir qui est diffusé est absolu. Dans les salles traditionnelles, le changement de cadre de l’image est visible avec les fameuses bandes sombres. Avec l’écran LG Led, on perd cette notion de cadre », explique Xavier Orsel. « Un noir absolu et une lumière qui, potentiellement poussée à son maximum [jusqu’à 300 candela/m², la norme étant de 48 cd/m², ndlr.], peut être éblouissante, permettent d’élargir la palette de contraste au-delà de tout autre système de projection existant. On peut même montrer un film avec la lumière allumée. » Cela ne sera évidemment pas le cas ce soir, avec la projection unique d’Avatar 1 en 3D, l’exploitant ne cachant pas que l’écran, et surtout la taille de l’image en 1,90, ont été pensés pour La Voie de l’eau, tourné par James Cameron dans ce format.
S’il découvre d’abord la technologie lorsqu’il est encore chez Les Cinémas Pathé Gaumont, c’est en tant qu’indépendant que Xavier Orsel teste l’écran Onyx de Beaugrenelle en 2019. « J’ai été surpris par le son, par la perte de la notion de cadre une fois dans le noir, par la qualité lumineuse de haut niveau et par une 3D comme je n’en avais jamais vu. » Quand LG se lance sur le marché, l’exploitant discute avec les deux fournisseurs et choisit le néophyte : « Samsung, plus installé, vendait un produit alors que LG proposait un projet et souhaitait s’impliquer. » L’écran, dont le prix n’a pas été communiqué, est commandé en 2020 mais l’arrivée du Covid va retarder la conception et le transport, pilotées depuis l’Asie ; malgré ces contretemps, quatre semaines ont été nécessaires pour réaliser l’installation.
« Outre LG, ce projet n’aurait pu aboutir sans ADDE, avec qui j’ai noué une forte relation de confiance et qui a grandement facilité l’installation. La Ville d’Asnières a également contribué, financièrement mais surtout en faisant le pari de me confier le cinéma puis de valider un bond technologique important avec plusieurs inconnues. » À noter que le CNC a aussi soutenu financièrement l’opération, en allouant une aide de 150 000 € pour l’ensemble du projet de rénovation du site. « Le concept est également écologiquement responsable, permettant notamment de diviser la consommation par trois par rapport à du xénon. De plus, le système chauffe moins et nécessite moins de ventilation. »
Xavier Orsel se réjouit donc d’être « le premier cinéma au monde à proposer cet écran LG Led, qui plus est, en tant que salle indépendante art et essai ». Largement formé chez Pathé Gaumont, « où Jérôme Seydoux et Eduardo Malone m’ont appris à oser et innover », l’exploitant s’inscrit dans la continuité de cet apprentissage. « C’est aussi un signal que j’envoie à la profession : comme les circuits, les indépendants aussi croient en leur avenir et investissent. Avec, en plus, le souhait de surprendre avec cette technologie. »
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