L’Agence nationale pour le développement du cinéma en régions a tenu son assemblée générale le 2 juillet à La Rochelle, pour faire le bilan de l’année écoulée et préparer les cinq prochaines. Ses activités essentielles de diffusion et d’aménagement du territoire seront complétées par des formations, pour accompagner la transition professionnelle et écologique de la filière.
Article paru dans le Boxoffice Pro du 24 juillet 2024.
Comme pour d’autres structures, l’assemblée générale de l’ADRC s’est tenue dans un contexte politique incertain… mais avec la certitude que la politique culturelle qu’elle mène depuis 1983 est plus que jamais nécessaire. On sait combien l’action de l’Agence – qui pour rappel n’est ni un syndicat, ni une association de salles ou de distributeurs – a participé au maillage exceptionnel du territoire lors de la crise du cinéma des années 1990, « bien plus dramatique » que celle que nous venons de traverser, comme l’a rappelé la présidente de l’ADRC dans son rapport moral. Et qu’est-ce qu’une crise, sinon « le symptôme d’une mutation », définit Nadège Lauzzana, pour qui la mutation des pratiques, du rapport au travail et de l’individu au collectif, « impacte les mobilités et la façon de vivre dans nos villes et villages ». Les actions initiées par l’ADRC depuis cinq ans (festivals, séances accompagnées, partenariat avec l’Agence nationale pour la cohésion des territoires…), ont voulu accompagner ces mouvements. En 2023, la fréquentation a repris plus vite dans les salles de proximité et les cinémas art et essai « qui ont souvent retrouvé le niveau d’avant-crise plus rapidement que d’autres branches de l’exploitation, car ancrés au cœur des territoires et des villes ». Et si la présidente de l’ADRC s’en réjouit, elle tient à rappeler « que le cinéma est une filière dont chaque maillon est essentiel (avec une interdépendance quel que soit le statut ou l’échelle de chaque salle) pour préserver l‘équilibre économique et culturel du secteur ».
Pour la rencontre des films et des publics en régions
Reste que pour la petite exploitation, l’accès aux films n’est pas réglé avec la fin des VPF ; en 2023, l’ADRC est intervenue sur 298 films, un record depuis sa création. Les interventions concernent principalement des films art et essai sortant sur moins de 200 copies. Le dispositif des séances accompagnées, qui ont justement pour objectif de rendre ces films plus visibles – en soutenant financièrement des animations dans des petites salles – , a bien pénétré le territoire, avec des entrées en progression de 26 % par rapport à 2022. L’ADRC poursuit aussi un gros travail de valorisation des films de patrimoine aux côtés des distributeurs, tout au long de l’année et qui culmine avec le festival Play it again ! (25 000 entrées en 2023 et une belle fête annoncée pour 2024). Quant au récent festival SF Les Mycéliades, « sa réussite auprès des 15-25 démontre qu’ils sont au rendez-vous si la proposition correspond à l’attente de leur génération ».
Sur sa mission d’étude et de conseil auprès des exploitants et des collectivités, l’ADRC reste souvent, pour les petites communes, la première source d’expertise dans le démarrage d’un projet de cinéma. Le programme de l’ANCT Petites villes de demain a renforcé ces interventions pour représenter 63 % des demandes. La transition écologique est un autre sujet important pour l’ADRC, qui dès 1996 a édité une brochure sur les économies d’énergie dans les cinémas et en 2022 ses fiches de bonnes pratiques « Cinémas verts ». Il faut citer également le travail de l’Agence avec le CNC pour la Commission d’aide sélective, et les réunions publiques pour sensibiliser les élus locaux, le tout en s’appuyant sur la 5e édition de son guide « Créer ou transformer un cinéma ».
« On le sait, la strate des communes de moins de 20 000 habitants (65 % du parc) est celle où la fréquentation progresse encore dès lors que l’on apporte une offre de cinéma de qualité, tant dans le domaine architectural que de la programmation des films ou des animations », souligne la présidente de l’ADRC. Ces actions seront donc développées pour les années à venir.
Révision stratégique : se redéfinir face aux besoins contemporains de la filière
Mais il s’agit aussi de mieux accompagner les mutations. Ces derniers mois, l’ADRC a procédé à une revue stratégique auprès de représentants de toute la filière, comme elle l’avait fait en 2019, dans le but d’établir une nouvelle convention d’objectifs avec le CNC sur 5 ans. Cette revue générale a confirmé le rôle essentiel de l’ADRC dans la diffusion et l’aménagement culturel du territoire, mais a aussi mis en avant « un besoin d’accompagnement national vers les transitions professionnelles qui s’imposent à la filière, qu’elles soient d’ordre stratégique, écologique, ou plus concrètement de compétences métiers ». Si l’expertise ADRC doit informer et convaincre les élus territoriaux du bien-fondé d’une activité cinéma modernisée, elle devrait aussi mieux accompagner les salles de cinéma sur les compétences générales (animations/médiations, communication, savoirs techniques et éditoriaux) et la transition écologique, avec des cycles de perfectionnement adaptés à la petite et moyenne exploitation. En effet « il y a une très grande attente envers l’ADRC sur ce sujet », a précisé la présidente.
Ainsi l’Agence est encouragée à définir de nouveaux champs d’action, en cohérence et en complément de ses missions historiques, notamment à travers une « offre de formations auprès des élus et des métiers de l’exploitation et une aide concrète pour une éditorialisation accrue de l’offre culturelle de proximité (festivals renforcés, séances accompagnées amplifiées, présences régulières en régions via des journées professionnelles) ». Ces orientations seront proposées au CNC en septembre… et sans doute abordées lors du Congrès de Deauville, où l’ADRC donne rendez-vous à ses adhérents.
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