Comme en décembre dernier, Laurence Franceschini et Dominique Boutonnat signent ensemble ce texte visant à accompagner la diffusion des films en salles lors de la seconde reprise des séances.
Une nouvelle recommandation qui, à moins de dix jours de la réouverture des salles de cinéma et alors que la concertation entre distributeurs tarde à se concrétiser, s’inscrit dans « un contexte différent de celui de la première réouverture ». Reconnaissant en effet que l’offre – estimée à environ 400 films dans la première période –, sera très abondante et anticipant déjà un second nœud sur le dernier trimestre de l’année et le début de 2022, la Médiatrice et le président du CNC s’inquiètent des tensions « entre les distributeurs et les exploitants, mais également entre distributeurs eux-mêmes ». Tensions que le Festival de Cannes prévu en juillet risque par ailleurs d’accentuer.
Tout en rappelant l’avis de l’Autorité de la concurrence qui a autorisé, sous certaines conditions, les distributeurs à se concerter en vue de définir un calendrier, ainsi que l’aménagement temporaire à la chronologie des médias par le CNC, ils soulignent toutefois que « ces mesures seront insuffisantes, à elles-seules, pour assurer la diversité de l’offre cinématographique et préserver le pluralisme dans le secteur de la distribution ».
En conséquence, le Médiateur du Cinéma et le Président du CNC en appellent « à l’esprit de responsabilité de la filière cinématographique ». Leur nouvelle recommandation, très proche de celle prévue pour la réouverture avortée de décembre 2020, est résumée ci-dessous :
- Offrir, autant que possible, une visibilité renouvelée aux films sortis peu de temps avant la fermeture des salles ou dont la programmation avait été négociée et les frais de promotion engagés pour une sortie immédiate.
- Prévoir, autant que le permet l’évolution de la situation sanitaire, un engagement réciproque des exploitants et des distributeurs sur les conditions de diffusion des films au moins deux semaines en amont de leur sortie nationale.
- Prendre en compte les contraintes sanitaires (jauges limitées et les restrictions de séances dues au couvre-feu) pour allonger la durée d’exploitation des films, selon les capacités et la taille des établissements.
- À cet égard, une multiprogrammation pertinente et mesurée tenant compte des attentes du public, de ses habitudes et de celles de l’établissement ainsi que de leur taille, pourra à profit être négociée.
- Éviter la programmation massive de séances privées, événementielles ou d’avant-premières pendant toute la période du couvre-feu… à l’exception de quelques séances festives visant à renouer le lien avec le public
- Équilibrer les combinaisons de sorties et respecter la ligne éditoriale des cinémas dans le but d’éviter les phénomènes de concentration. En évitant par exemple les tridems dans une même zone de chalandise sur les films art et essai porteurs, et en permettant l’accès des salles art et essai aux titres porteurs qui participent à leur ligne éditoriale habituelle.
- Respecter autant que le permettent les conditions d’exploitation contraintes par la situation sanitaire, les plafonds de multidiffusion prévus par l’accord interprofessionnel du 13 mai 2016.
- Pour les distributeurs – notamment de films porteurs –, adapter leurs exigences (en matière de nombre et d’horaires de séances) à la capacité des établissements ainsi que des contraintes sanitaires et de couvre-feu.
- Favoriser un accès aux films dans un délai rapide pour le public sur l’ensemble du territoire (dont les petites villes et les zones rurales).
Cette recommandation devra « être suspendue ou revue au plus tard à l’issue d’une période de quatre mois », en fonction de l’évolution de la situation sanitaire mais aussi de celle de l’offre de films et de l’appétence du public, concluent la Médiatrice du Cinéma et le président du CNC.
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