Le cinéma normand de quatre écrans et 694 places change de pavillon ce vendredi 1er juillet.
Une nouvelle ère s’ouvre pour l’historique établissement deauvillais. Magasin d’exposition Citroën au début du XXe siècle transformé en cinéma en 1946 (par l’architecte trouvillais Maurice Vincent à la demande d’Armand Chassain, directeur de cinémas au Havre), Le Morny appartenait depuis 1962 à la famille Lechanteur. L’héritière, Sophie-Catherine, souhaitant prendre sa retraite, des discussions ont été entamées pour trouver un repreneur au complexe. Depuis le 1er juillet, il vogue officiellement sous un nouveau pavillon, né de l’association de Richard Patry (Noé Cinémas) et de Jean-Fabrice Reynaud (Les Cinémas Reynaud). Le tandem, professionnels aguerris solidement implantés en Normandie, a racheté le 28 juin à parts égales la société Exploitation Cinéma Lechanteur Père et Fils, propriétaire du bâtiment qui abrite le cinéma et loue ses murs à une agence de voyage et un magasin de bricolage.
« Il y a un vrai sentiment de fierté de reprendre cet établissement emblématique de Deauville et un certain pincement au cœur de signer le rachat des murs avec le contrat original de la main d’André Citroën », déclare Richard Patry. « J’ai l’habitude des associations entre exploitants et sur Le Morny ça nous est apparu, Jean-Fabrice, Alain et moi, comme une bonne idée de se regrouper. » De son côté, Jean-Fabrice Reynaud partage « une grande joie de voir Le Morny, dirigé de longue date par une indépendante, être repris par des indépendants, normands qui plus est, dans une ville d’autant plus emblématique. Ce projet était loin d’être simple et il est apparu, à un moment donné, plus intelligent de joindre nos forces avec Richard ; nous allons nous enrichir de nos différences mais aussi de nos complémentarités. »
Si une réflexion à moyen terme est en cours concernant une profonde rénovation, un agrandissement ou un déménagement des activités, à court terme – « nous ne fermons aucune idée » –, les exploitants vont se focaliser sur quelques transformations rapides. Le hall devrait ainsi être réagencé avec un nouveau comptoir, tandis que la billetterie en ligne sera lancée et la grille tarifaire aménagée. Sur la programmation, le nombre de séances va doubler et l’offre de films sensiblement augmenter, avec un élargissement à la VO pour viser le classement art et essai. Dans leur nouvelle organisation, Noé Cinémas gère la programmation, l’animation et les ressources humaines, Les Cinémas Reynaud s’occupant de la gestion et de la comptabilité. Si l’ensemble du personnel du Morny a été conservé, c’est l’actuelle directrice du Ciné Pont-Audemer, Louise Aubry, qui prend en plus la tête du site deauvillais, épaulée dans un premier temps par Gérard Lemoine, le directeur du Cinépal’ de Palaiseau (Essonne). L’objectif sera naturellement d’accroître une fréquentation qui s’élevait à 120 000 entrées en 2019.
Avec l’acquisition du Morny, Richard Patry et la famille Reynaud se dotent d’un emplacement très stratégique pour toute personne étant liée au secteur cinématographique. En septembre, Deauville accueille en effet deux temps forts qui ruissellent dans les quatre salles du complexe. D’abord, le Festival du Film Américain, où se succèdent talents et cinéastes mais aussi de nombreux professionnels de l’industrie hollywoodienne. Ensuite, à la fin du mois se tient le Congrès de la FNCF, grand-messe des professionnels du cinéma français. Le Morny y occupe alors une place de choix, accueillant, en continu depuis 2012, les différentes avant-premières du lundi soir ainsi que quelques séances spéciales organisées le vendredi matin, à l’issue du Congrès. Avec le cinéma Le Grand Bleu au Lavandou, à quelques kilomètres de Cannes, Richard Patry gère désormais des établissements à proximité des deux villes les plus symboliques pour l’exploitation cinématographique.
Le tandem renforce par ailleurs sa présence normande. Noé Cinémas exploitait jusque-là, en délégation de service public ou via fonds de commerce, 19 établissements dans l’Hexagone dont 12 en Normandie, avec L’Omnia à Rouen (en travaux, réouverture prévue début août), Les Arches Lumière à Yvetot, Le Ciné à Pont-Audemer, Le Mercure à Elbeuf, Le Grand Large à Fécamp, Les Arts à Montivilliers, Le Palace aux Andelys, Le Cotentin à Carentan-les-Marais, Le Ciné Seine à Etretat, Le Casino à Houlgate, L’Aiglon à L’Aigle (projet de trois écrans validé en CDACi) et Le Paris aux Rives-en-Seine. Il ajoute donc un 13e site dans son escarcelle régionale pour un total de 47 salles.
De son côté, la famille Reynaud – les enfants de Jean-Fabrice, Clémence Zacharie et Grégoire Reynaud étant désormais en charge de l’opérationnel – est dorénavant aux commandes de 12 établissements dont sept en Normandie pour 21 écrans, avec, outre le site de Deauville, Le Cinémoviking à Saint-Lô (en association avec Jacques Font), Le Royal et Le Majestic à Lisieux, Le Drakkar à Luc-sur-mer, Le Cinéma de la gare à Courseulles-sur-mer et Le Rex à Bernay. Dans cette dernière commune, la famille Reynaud vient également de s’associer avec Noé Cinémas pour concrétiser la construction d’un nouveau cinéma de quatre salles et 500 places, dont l’ouverture est toujours espérée pour janvier 2023.
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