Le dispositif de partage de séances-événements, créé par La Vingt-Cinquième Heure, a procédé à une refonte de son interface, avec de nouvelles fonctionnalités… et les professionnels aux manettes.
Les projections-rencontres partagées entre salles ont désormais intégré les grilles de programmation et les calendriers d’animations. Mais leur mise en œuvre restait encore « relativement complexe, avec beaucoup d’étapes gérées en interne par notre équipe », explique Pierre-Emmanuel Le Goff. D’où l’enjeu, pour le président fondateur de La Vingt-Cinquième Heure, « de laisser les professionnels prendre la main et être plus autonomes sur les différentes phases de programmation des événements ».
Nouveaux usages…
Après plusieurs aides européennes et celle de la BPI, le soutien du CNC – via son aide aux moyens techniques pour la diffusion – est un appui précieux pour poursuivre les innovations de Cuult’. Désormais, dans leur espace dédié du site, les distributeurs vont pouvoir planifier des séances interactives qui seront retransmises dans différentes salles, et/ou en ligne. Car, au-delà des “habituelles” avant-premières avec les équipes de films, Cuult’ permet aussi d’événementialiser les sorties VOD. Et le responsable des partenariats et de la coordination technique Louis Torreton observe que « les réalisateurs sont toujours aussi enthousiastes d’échanger avec leur public, comme Gilles Perret qui accompagne toujours les séances, désormais en ligne, de La Ferme des Bertrand, Jour2Fête ayant été l’un des premiers distributeurs à tester la nouvelle interface ».
S’il a déjà prouvé son efficacité dans le cadre d’une campagne de promotion de sortie salle ou son prolongement sur les fenêtres suivantes de la chronologie des médias, Cuult’ peut aussi bénéficier à des titres qui ne sont jamais sortis au cinéma. Le 26 novembre, le documentaire sur l’addiction Tout pour être heureux de Jérôme Adam et Olivier Le Bris sera ainsi présenté au Grand Rex de Paris, mais aussi en ligne, « ce film intéressant beaucoup d’associations et facultés de médecine », se réjouit Louis Torreton.
… et nouveaux usagers
Les exploitants disposeront eux aussi d’une interface enrichie, avec un calendrier référençant l’ensemble des séances-débat qu’ils peuvent programmer, dans leur salle et/ou en ligne, ainsi que les éléments de promotion ou de médiation mis à disposition. « Et ils peuvent bien entendu proposer leur propre événement, et prendre dès lors une commission variable en fonction de leur négociation avec l’ayant-droit. »
Ils sont actuellement en moyenne une vingtaine de cinémas à participer à chaque rendez-vous Cuult’. « La salle virtuelle, que nous avions mise en place pendant la période Covid, avec partage de recettes entre distributeurs et exploitants, nous avait donné un gros temps d’avance et démontré qu’il y avait une vraie appétence pour le partage d’événements entre cinémas », estime le dirigeant de La Vingt-Cinquième Heure. « L’enjeu désormais est de donner un maximum la main aux professionnels, à travers une interface intuitive et sans frein technique, afin d’augmenter le nombre d’événements proposés. »
Actuellement en phase de test après avoir intégré les demandes spécifiques des distributeurs, exploitants, « ainsi que des festivals », les nouvelles fonctionnalités de Cuult’ seront mises en service courant décembre. Parallèlement, Pierre-Emmanuel Le Goff a entamé une nouvelle levée de fonds pour accélérer le déploiement commercial et prolonger les innovations, comme des “call-to-action” accessibles durant les séances (pour réaliser des sondages, récolter des dons…) et des outils de traduction en simultanée.
Lors de sa précédente “saison”, Cuult’ avait déjà élargi sa palette d’événements. Parmi eux, la retransmission en ligne des trois tables rondes de L’Arp lors des Soirées de la Création au Cinéma des Cinéastes de Paris, ou plus récemment, celle de la rencontre autour de la séance Coup de cœur surprise de Ma vie ma gueule de Sophie Fillières, en partenariat avec l’Afcae.
L’initiative se déploie aussi à l’international. Après un partenariat avec Netflix pour la sortie de Banlieusards 2 de Kery James et Leïla Sy, organisée entre le Publicis à Paris et le Pathé de Dakar, un projet collaboratif, cette fois avec Sudu Connexion, a permis de partager simultanément une séance de Shimoni entre les salles Canal Olympia à Ouagadougou (Burkina Faso), Kigali (Rwanda), Dakar (Sénégal), Cotonou (Bénin)… et la réalisatrice du film, Angela Wanjiku, connectée en direct depuis son domicile à Nairobi (Kenya), accompagnée d’un interprète qui intervenait depuis la France.
Cuult’ a aussi récemment collaboré avec Universal France, pour une séance rencontre en avant-première de Sur un fil de Reda Kateb diffusée en direct dans 9 villes où sont implantées les antennes de l’association “Le rire médecin” – et qui a en outre permis de réaliser une campagne de dons pour soutenir les actions de l’association. Enfin, l’Arcadia Film Festival a renouvelé sa collaboration avec l’équipe de Cuult’ en partageant depuis Le Méliès de Montreuil plusieurs rendez-vous, dont une séance débat avec François Ruffin et Gilles Perret autour de leur nouveau film, Au boulot !, dans une quinzaine de salles et qui a réuni près de 1200 spectateurs. « Ces événements de plus grande envergure nous amènent à collaborer de plus en plus régulièrement avec des grands circuits, y compris ceux qui ont leur propre dispositif de multidiffusion », se réjouit Pierre-Emmanuel Le Goff . De quoi démontrer que Cuult’ n’est pas réservé à une niche art et essai, mais une solution globale s’adressant à l’ensemble de l’écosystème, « en créant des synergies inédites ».
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