Régulation et médiation, calendrier des sorties et multiprogrammation, conditions de reprise à la réouverture des salles : si les avis divergent selon le type d’exploitation et de sociétés de distribution, la plupart des questions font l’objet d’un consensus de la part des professionnels qui ont répondu… soit ceux qui sont le plus concernés par l’action de l’ADRC.
Dans le cadre d’une consultation lancée fin mars, l’Agence pour le développement régional du cinéma a soumis deux questionnaires, l’un à destination des exploitants, l’autre auprès des distributeurs, pour lancer des pistes de travail sur la reprise de l’exploitation en salles. L’Agence publie aujourd’hui la synthèse des réponses, qui seront abordées en détail dans la Live Session proposée par Boxoffice Pro lundi 27 avril à 16 h.
L’enquête, menée du 2 au 17 avril 2020, a recueilli 464 réponses de la part des exploitants, représentant 21 % du parc de cinémas en France mais appartenant majoritairement au secteur de la petite et de la moyenne exploitation. On ne peut donc tirer de conclusions définitives sur la position de la grande exploitation. « Les réponses provenant de la grande exploitation sont quantitativement très réduites, ce qui s’explique facilement au regard de l’action même de l’ADRC, plus orientée, tant dans l’accès aux films que les conseils et études aux salles, vers les cinémas de la petite et de la moyenne exploitation », commente Eric Busidan, délégué général de l’agence. Du côté des distributeurs, les 56 réponses traduisent une bonne représentativité des différents types d’acteurs.
Les principaux enseignements de la synthèse des questionnaires
La question d’une régulation renforcée, pour faire face à un éventuel embouteillage de films en salles lors du second semestre, fait l’objet d’un consensus favorable entre distributeurs et exploitants, même si les plus gros acteurs de la distribution ne souhaitent pour leur part ni un calendrier concerté de sorties, ni des recommandations de la Médiatrice sur le sujet. En outre, les distributeurs de toute taille mettent en avant la difficulté, voire doutent de la faisabilité, d’un tel calendrier. Et si 95 % des exploitants se disent favorables à la mise en place d’un calendrier concerté, les réponses varient, aussi, selon la taille de l’exploitation.
La question du développement de la multiprogrammation est souhaitée massivement par les exploitants qui ont répondu au questionnaire, mais soulève plus d’interrogations et de réticences du côté de certains distributeurs. Les plus gros (réalisant plus de 2 millions d’entrées) y sont défavorables, même sur une période limitée, notamment pour les films porteurs dont la rentabilité de la sortie salle sera plus que nécessaire. Les distributeurs qui réalisent entre 700 000 et 2 millions d’entrées craignent que les films indépendants soient sacrifiés et souhaitent que ceux qui sortent des films porteurs n’imposent pas un trop grand nombre de séances aux salles, de manière à favoriser la multiprogrammation. Quant aux « petits » distributeurs, la multiprogrammation leur est déjà imposée et ils souhaiteraient qu’elle s’applique à tous les films et tous les cinémas, à Paris et en régions, et s’inscrive dans la durée.
Sur la question des avant-séances, une large majorité (87 % des exploitants et 81 % des distributeurs) se dit favorable à un moratoire entre distributeurs et exploitants pour suspendre jusqu’à la fin de l’année 2020, dans l’intérêt des distributeurs, le système des bandes-annonces payantes.
Concernant la programmation des films, 89 % des exploitants privilégieront une reprise partielle des films encore à l’affiche au 14 mars, mais souhaitent aussi pour 88 % bénéficier des films nouveaux. Les distributeurs qui se sont prononcés sur la question de la sortie des nouveautés estiment qu’une sortie nationale nécessite un minimum de temps et qu’il serait préférable de se baser sur les films prévus à l’affiche des semaines qui ont suivi la fermeture des salles. La majorité d’entre eux n’envisage pas de réduire les plans de sortie de leurs prochains films.
On peut également noter que les salles ne souhaitent pas programmer une forme de « best of » des films de l’année précédente, ni garder la même qualité d’exposition en salles pour les films qui auront bénéficié d’une exposition en VOD. Certains distributeurs manifestent la volonté d’un accompagnement par une majoration des subventions pour les films qui sortiront dans les conditions difficiles de reprise du marché.
Un consensus entre distributeurs et exploitants se dégage sur une intervention de l’ADRC dès la première semaine d’exploitation, mais dans des conditions d’exposition et de respect de la diversité de l’offre de films qui restent à déterminer. Les exploitants et certains distributeurs manifestent également le souhait que l’ADRC s’implique davantage dans les animations en salles, notamment sur la prise en charge financière de celles-ci.
Enfin, les cinémas sont largement favorables à une réouverture dès que l’autorisation leur sera donnée, même si certains d’entre eux expriment une inquiétude sur la volonté de certaines collectivités territoriales de retarder localement la réouverture pour prévenir tout risque sanitaire vis-à-vis de la population. L’idée d’une reprise de l’activité organisée autour d’une Fête du cinéma ou d’une opération tarifaire nationale fait l’objet d’un consensus large, souhaitée par 80 % des exploitants et des distributeurs.
Synthèse des réponses au questionnaire exploitants et programmateurs
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