Cinéma et exception culturelle : Dominique Boutonnat prend la parole dans Le Monde

Dominique Boutonnat au Congres FNCF 2023 ©Jean-Luc Mege Photography-FNCF

Face aux récentes polémiques sur le soutien public au cinéma, le président du CNC réaffirme dans une tribune pourquoi et comment « l’exception culturelle française en matière de cinéma est d’abord une exceptionnelle réussite ».

Après plusieurs rapports parlementaires suivis de celui de la Cour des comptes, sans oublier les controverses récurrentes, au sein de la filière cinéma, reprochant tour à tour au CNC un tournant néo-libéral ou un excès de régulation, Dominique Boutonnat tient à rappeler, dans Le Monde du 10 octobre, « les principes fondamentaux et les ambitions » de notre modèle de soutien au cinéma. D’abord en réaffirmant que le CNC « assume pleinement le fait que l’art et l’industrie se renforcent mutuellement et se refuse donc à choisir l’un au détriment de l’autre ». Ensuite en citant des chiffres –  « la part de marché de notre cinéma en salle monte à 41 % »puis des titres de films –  « qui n’ont jamais été autant récompensés dans les festivals »pour montrer combien « cette exception culturelle française en matière de cinéma est d’abord une exceptionnelle réussite ». 

Un financement original et vertueux

Et tout en saluant un tissu « qui fait cohabiter les petites structures avec les grands groupes », Dominique Boutonnat rappelle surtout le « financement original et vertueux » de notre modèle, les moyens du CNC découlant d’une contribution fiscale de tous les diffuseurs de films. « Autrement dit, ils sont exclusivement tirés de taxes prélevées sur le secteur et non issus du budget général de l’État, alimenté par les impôts sur les citoyens et sur les entreprises. » En précisant le fonctionnement des aides sélectives et automatiques, les crédits d’impôt à la production et la contribution des télés et plateformes, le président du CNC démontre que le « modèle permet de concilier les deux dimensions – artistique et économique – du cinéma ».

Faire en sorte que tous les films soient vus 

Reconnaissant qu’un quart des films français rassemblent moins de 10 000 spectateurs en salle, Dominique Boutonnat défend toutefois la politique nataliste du CNC qui lui est souvent reprochée. « D’abord, il n’est pas anormal que les premières œuvres de cinéastes débutants ou les films les plus audacieux ne rencontrent pas tous le public, sans compter que la vie d’un film ne s’arrête pas à la salle. Par ailleurs, ces films ne représentent que 1 % des séances : ils ne portent donc pas préjudice à l’exposition des autres. Enfin, ils ne reçoivent que 1 % du budget total du CNC. C’est en réalité un poids très raisonnable au regard de l’enjeu, à savoir la liberté de création et le renouvellement artistique. »
Et si l’objectif reste de faire en sorte que tous les films soient vus sur tous les écrans, « il nous faut sans cesse entretenir l’envie de cinéma et l’expérience unique de la salle » et ce « notamment auprès des plus jeunes ».

…et avoir une capacité d’adaptation permanente

Face à la croissance de la production dans le monde, Dominique Boutonnat veut « faire de notre pays une référence dans le secteur », citant le plan France 2030 pour soutenir « la création de studios de tournage ouverts à tous types de productions et d’écoles partout sur le territoire ». Le tout pour rappeler, encore et toujours, que le cinéma est un art et une industrie. « En définitive, protéger l’exception culturelle, ce n’est pas défendre un modèle immuable, mais, au contraire, savoir l’ajuster aux défis sans cesse renouvelés du secteur ; à l’instar des questions soulevées par la transition écologique et l’intelligence artificielle aujourd’hui. C’est bien cette capacité d’adaptation permanente, au service d’une ambition inchangée, qui est la clé du modèle français et la condition de sa réussite. »

Dominique Boutonnat au Congres FNCF 2023 ©Jean-Luc Mege Photography-FNCF

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