Pour le premier CineEurope « normal » depuis 2019, Laura Houlgatte, CEO de l’Unic et Guillaume Branders, chargé de recherche, promettent une édition mémorable, faite de retrouvailles et de premières fois, sans éluder les difficultés qui guettent le secteur.
« Tous les studios américains sont présents à Barcelone », confirme Laura Houlgatte en se réjouissant qu’aux Européens habituels de l’étape – les incontournables UniFrance et Studiocanal* – s’ajoute cette année Pathé. L’occasion de découvrir, entre autres et en exclusivité mondiale, les quinze premières minutes des Trois mousquetaires : D’Artagnan. Les participants pourront aussi bénéficier d’une autre première cette année : la projection de la Palme d’or Sans filtre (Triangle of Sadness), en présence du réalisateur Ruben Östlund. « Une proposition inédite qui fait d’autant plus sens à CineEurope que le film est une grande coproduction européenne », souligne Guillaume Branders.
Le chargé de recherche de l’Unic est conscient de la problématique de la continuité de l’offre de films dans les salles, avec « des périodes vides en blockbusters dans le calendrier ». Or, bien que les productions locales aient tenu leur rang ces deux dernières années, l’ensemble du secteur a aussi pris la mesure de l’impact vertueux de la fréquentation des titres des studios américains sur les autres cinématographies. « Partout, on observe la même tendance d’un public qui vient moins fréquemment, mais qui se laisse volontiers séduire par les séances premium », note en outre Guillaume Branders.
Au-delà de la constance de l’offre de films, Laura Houlgatte souligne de son côté qu’une exclusivité salle « relativement longue, est ce qui a le plus de sens d’un point de vue économique. Selon les chiffres de l’Observatoire européen de l’audiovisuel, en Suisse, où les plateformes ont l’obligation de publier leurs données, les 27 % des films présents dans leurs catalogues et qui sont sortis en salles réalisent 82 % de leur audience en ligne ». De fait, la chronologie des médias française pourrait bien sortir de son isolement croissant avec les initiatives des voisins italiens et allemands, qui envisagent d’étendre l’exclusivité salle, imposée aux seuls films nationaux ayant bénéficié d’aides d’État, à l’ensemble des sorties.
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Heureusement, aucune fermeture massive n’est à déplorer parmi les cinémas, « notamment grâce aux systèmes de soutien mis en place. La plupart des salles qui ont fermé étaient déjà en difficulté avant le Covid et nous avons vu ouvrir beaucoup de nouveaux établissements ainsi que de grands groupes se consolider ». Guillaume Branders ajoute qu’en Europe, « on ne constate qu’une baisse de 0,02 % du nombre d’écrans par rapport à 2020. Et ce chiffre prend en compte les salles temporairement fermées, qui pourraient rouvrir en 2022 ». S’il est encore trop tôt pour tirer un bilan général de ces dernières années, les responsables de l’Unic anticipent « que le défi est de continuer à investir dans le parc de salles, tout en sortant de la crise ».
Par ailleurs, l’Union lancera la 6e édition de son programme de mentorat à CineEurope. Inaugurée en 2017, cette initiative a pour but de soutenir les femmes dans leur parcours vers des postes à responsabilité dans le secteur, « et également de créer un réseau vers lequel nos mentors et mentorées peuvent se tourner. Nous avons une communauté de plus de cent femmes, à travers toute l’Europe », se réjouit Laura Houlgatte. Une manière de rappeler que l’avenir du cinéma comme des cinémas passe, encore et toujours, par le collectif.
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