Dans une étude publiée le 2 juillet, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) scrute les tendances de fréquentation des spectateurs français et leur profil. Les résultats révèlent notamment un nombre d’occasionnels historiquement haut.
On connaissait les chiffres de la fréquentation 2023 ; cette fois, dans la foulée de son bilan général publié en mai, le CNC revient plus précisément sur la sociologie du public et ses habitudes de fréquentation. Les 180,4 millions (M) d’entrées enregistrées en 2023 en France ont ainsi été portées par 40,9 M de spectateurs, soit 63,7 % de la population cinématographique ; une hausse d’un million de personnes par rapport à 2022, mais encore derrière les 43 M de 2019. De la même manière, un spectateur s’est rendu 4,4 fois au cinéma dans l’année, là où cette moyenne était de 3,8 en 2022, mais de 4,9 entre 2015 et 2019. Également, l’enquête CinExpert réalisée par l’institut Vertigo révèle que l’écart du taux de pénétration entre les femmes et les hommes se creuse : alors que ces derniers allaient proportionnellement plus au cinéma que les femmes, les tendances se sont inversées en 2022. En 2023, 65,7 % des femmes sont allées au cinéma, contre 61,5 % pour les hommes.
De multiples disparités selon les catégories
Au regard de l’âge, la structure des entrées reste grandement portée par les seniors (50 ans et +), suivis des moins de 25 ans (30,6 %) et des 25-49 ans (27 %). Ce dernier groupe accuse par ailleurs un retard par rapport à 2019 dans sa fréquentation des cinémas en ne s’y rendant en moyenne que 3,5 fois dans l’année (contre 4,6 il y a quatre ans). Plus précisément, les 25-34 ans font office de cancres avec 2,5 entrées par spectateur. Les seniors sont toujours les plus assidus (5,5), à l’instar des moins de 25 ans (4,2).
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Concernant les catégories socioprofessionnelles, 72,4 % des CSP+ se sont rendus au cinéma en 2023. C’est le plus haut taux de pénétration – il est de 62,2 % chez les CSP- et de 60,5 % chez les inactifs, soit les retraités, les élèves et étudiants –, qui reste cependant inférieur de huit points à son niveau en 2019. On observe également chez les catégories les plus aisées une baisse d’assiduité, avec 3,9 entrées par spectateur, contre 4,4 en 2022 et 5,3 en 2019. Elles représentent toutefois la part la plus importante des entrées pour les films art et essai (34,5 %).
Inversement, la fréquentation augmente chez les CSP- qui, avec 4 entrées par spectateur, dépassent de 0,2 point leur moyenne de 2019, et les employés représentent 9,4 millions d’entrées de plus qu’en 2022 (+63 %). Les films d’horreurs les ont particulièrement attirés (La Main, Saw X…) en raison d’une part importante de jeunes (64,2 %) dans ce qu’on qualifie de CSP-. Enfin, les inactifs sont la catégorie la plus assidue, avec 4,8 entrées par spectateur en moyenne. Spécialement les retraités, qui se rendent en moyenne 6 fois au cinéma dans l’année, soit 1,2 point de moins qu’en 2019.
Les ruraux et les Parisiens vont moins au cinéma qu’avant
Du côté du lieu de résidence, 57,9 % des ruraux et habitants d’agglomérations de moins de 20 000 habitants sont allés au cinéma en 2023. Une baisse de fréquentation est observée au fil des années, avec 3,3 entrées par spectateur contre 4,2 en 2022 (et 4,3 en 2019), contrairement aux habitants des grandes villes qui vont de plus en plus au cinéma : en moyenne 5,6 fois, contre 3,8 en 2022 et… 4,4 en 2019. Cette catégorie occupe graduellement une part plus importante dans les entrées, passant de 11,2 % en 2019 à 17 % en 2023. Comme attendu, les habitants des agglomérations de plus de 100 000 habitants (hors Paris) représentent la plus grande part des entrées avec 32,4 %. La capitale en occupe encore 20,4 %, mais c’est un niveau largement en retrait de 2019 (27,4 %). Enfin, les spectateurs parisiens réalisent 27,6 % des entrées des films art et essai.
Des habitudes qui évoluent
La répartition de la fréquentation, qui a donc changé selon où on vit et selon ses revenus, se traduit aussi par la fréquence des sorties cinéma. On compte moins de spectateurs habitués, qui sont à peine plus d’un quart du public (25,9 %) en 2023, contre 30,8 % en 2019, du fait d’une baisse des réguliers (22,3 % contre 27 % en 2019). Les assidus, eux, restent autour des 3,7 %, avec en moyenne 7,5 entrées par spectateur (contre 5,8 en 2022 et 9,1 en 2019), et sont majoritairement issus de CSP+ et âgés de plus de 50 ans.
L’évolution la plus notable se retrouve donc du côté des occasionnels, qui représentent en 2023 74,1 % du public, soit leur niveau le plus élevé. Leur assiduité évolue également, passant de 1,9 à 2,3 entrées par spectateur.
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